Coordonat de Sorin BOCANCEA
Volum VIII, Nr. 1 (27), Serie nouă, decembrie 2019-februarie 2020
Définir le populisme: une tentative
(Populismul: o încercare de definiție)
(An attempt to define populism)
Robert ADAM
Abstract: Trying to define populism, an elusive concept, has discouraged many scholars overtime. Some of them (e.g. Canovan) devised comparative typologies of populism, where some postulated populisms were validates as such, while others were not, according to one or several discriminating criteria. The only common ground that all attempts to define populism share is the mobilisation of people against the elites. We have striven to reach a new definition, by integrating elements from other social scientists. In order to achieve this goal, we have proceeded by consecutive stages. Firstly, we have made an inventory of some previous efforts in the field of populism studies. Secondly, we have drafted the definition. Finally, the meaning of all the terms included in the definition has been explained, in order not to allow for ambiguities.
Looking into the nature of populism, scholars alternatively described it as an ideology, a movement or a political style. We prefer to envisage it as a discourse, following Ernesto Laclau. Also, the relationship of populism to time (according to Jaguaribe or Hermet) is a central element of our definition, which comprises three parts. The opposition between people and elites finds its place into our attempt. Finally, we demonstrate that all included elements are necessary to the definition.
Keywords: populism, definition, political theory, people, democracy, elites.
Introduction
Il n’y a pas d’exercice plus périlleux pour tout chercheur dans le domaine du populisme que la tentative d’en fournir une définition. Nous tenterons de relever ce défi en trois étapes:
- Un passage en revue des efforts taxonomiques dans le champ du populisme;
- Une définition personnelle reprenant des éléments à d’autres chercheurs;
- Un glossaire des termes utilisés dans la définition et une explication de leur signification.
- Définir ou décrire le populisme?
Le seul élément que tous les populismes partagent est „la mobilisation du «peuple» (foules, masse, publics, opinion) contre le système politique et intellectuel”[1]. C’est la conclusion décevante de Margaret Canovan au terme de sa recherche phénoménologique des populismes, qu’elle a systématisés dans une typologie assez consensuelle[2]. Peter Wiles, dans un autre registre, était encore plus minimaliste en concluant avec une ironie amère: „À chacun sa propre définition du populisme, selon le saint académique pour lequel il prêche”[3]. Aucun des collaborateurs au volume coordonné par Ghiţă Ionescu et Ernest Gellner en 1969 n’en a risqué une. Peter Worsley ajoute pour sa part qu’en parlant du populisme on présuppose ce qui devrait faire l’objet de la démonstration, à savoir que „des mouvements avec des caractéristiques très différentes, séparés dans le temps, l’espace et l’environnement culturel, possèdent bien certains attributs cruciaux qui justifient leur enregistrement conscient et analytique sous la même rubrique, «populistes», en dépit des différences en ce qui regarde leurs autres traits”[4].
Deux approches distinctes du phénomène étaient possibles. La première consistait à configurer une théorie générale, isoler ses caractéristiques et élaborer un modèle des conditions favorisant son émergence. La seconde revenait à dresser un inventaire contrasté et comparatif des populismes postulés, en validant certains en tant que tels et en écartant les autres, sur la foi d’un ou plusieurs critères discriminants. Au mieux, il pouvait en résulter une définition partiale et réductrice, au pire, une liste de un ou plusieurs traits pertinents du populisme et une typologie plus ou moins étayée des mouvements étudiés.
Ernesto Laclau fut le premier, en 1977, à ne pas emprunter le cheminement sinueux de la deuxième voie pour tenter une approche intermédiaire. Elle prend appui sur une ruse, à savoir le postulat d’une ressemblance de tous les discours populistes, qui invoquent le „peuple”, „par-delà les classes sociales, sur fond d’une opposition entre «peuple» et pouvoir politique, comme si la dimension populiste impliquait une opposition formelle au statu quo”[5]. Pour Laclau, le discours n’est pas „quelque chose essentiellement limité aux champs du parler et de l’écrit, mais tout complexe d’éléments dans lequel les relations jouent le rôle constitutif. Cela veut dire que les éléments ne sont pas préexistants au complexe relationnel mais se constituent à travers celui-ci”[6]. Entre ses deux œuvres consacrés au populisme, en 1977 et 2005, Laclau a abandonné le paradigme marxiste, mais sa réflexion sur le populisme est restée assez constante. Pour le théoricien argentin, le contenu idéologique est secondaire en la matière. Le populisme serait un discours au nom du peuple („interpellations populaires-démocratiques”), qui le mobilise contre une „idéologie dominante”: „Notre thèse est que le populisme consiste dans la présentation des interpellations populaires-démocratiques comme un complexe synthétique-antagoniste par rapport à l’idéologie dominante”[7]. Ce qui compte est la forme, par laquelle le „peuple” opprimé veut éconduire une minorité au pouvoir et ainsi restaurer sa souveraineté. Dans son ouvrage le plus récent, Laclau expose le populisme comme la meilleure voie pour comprendre la politique, et d’ailleurs celui-ci remplace dans sa pensée la lutte des classes comme registre de lecture du conflit social et manière de créer l’opposition entre „nous” (le peuple) et „eux” („le système institutionnel”[8]).
En 1981 et 1982, Canovan s’approche du but, mais ne parvient pas à boucler la boucle avec une définition, dix-huit ans après sa conférence „Pour définir le populisme” de 1964 où elle parlait déjà du populisme politique comme d’une tension entre l’élite et la base populaire!
1.1. Le temps du populisme
Guy Hermet lance en 2001 une définition surprenante, à la limite de la psychologie sinon de la psychanalyse politique. Il y arrive en dynamitant même le pont de l’appel au peuple, seul ancrage ferme de la théorie politique dans les marécages du populisme: „Le paradoxe, c’est qu’en dépit de l’association automatique du populisme à un certain style d’appel au peuple le recours à cette sollicitation symbolique de la souveraineté caractérise également la démocratie!”[9] En reprenant une observation du politologue brésilien Hêlio Jaguaribe[10] sur le rapport des populistes au temps politique, il en fait la clef de voûte de sa définition du populisme, en lui ajoutant la partie qui réfère au rêve: „Ce ressort central est l’exploitation systématique du rêve. […] Le populisme se définit de la sorte au premier chef par la temporalité antipolitique de sa réponse prétendue instantanée à des problèmes ou à des aspirations que nulle action gouvernementale n’a en réalité la faculté de résoudre ou de combler de cette manière soudaine”[11]. La distinction d’avec la démocratie est radicale, les jumeaux siamois sont séparés et le populisme tient une définition.
Taguieff évoque un malaise dans les définitions du populisme, en rejette quelques-unes trop particulières mais n’en propose aucune proprement dite, sauf à prendre en considération une remarque restrictive qu’il emprunte à Canovan pour gloser dessus: „Ce qui reste commun aux populismes, c’est une rhétorique structurée par le blâme et l’éloge: elle est «antiélitiste, exalte le peuple et insiste sur le pathos de l’homme du commun», sur la communication directe avec les hommes ordinaires, égaux entre eux par la simplicité, l’honnêteté et la «santé» qu’ils sont censés posséder et illustrer”[12]. Il plaide pour un minimum définitionnel que nous avons déjà cité, en qualifiant le populisme de style politique.
1.2. Peuple contre élites
Une autre définition a été avancée en 2007 par Daniele Albertazzi et Duncan McDonnel. Pour eux, le populisme réside dans le fait de mettre aux prises „un peuple vertueux et homogène avec un ensemble d’élites et d’«étrangers» dangereux qui priveraient (ou tenteraient de priver) le peuple souverain de ses droits, valeurs, prospérité, identité et voix”[13]. Si l’appel au peuple, aussi bien dans sa dimension civique (dêmos) que dans celle ethnique (ethnos), l’aspiration à la démocratie directe, la méfiance envers les élites transparaissent dans cette définition d’orientation libérale, l’action spécifique du populisme dans le champ politique (fût-ce cette abolition du temps invoqué par Hermet) n’y est pas comprise. Toutefois, elle constitue une avancée, même si elle saurait aussi bien s’appliquer à un nationalisme ethnique est-européen du XIXème siècle (Roumains de Transylvanie, Slovaques ou Croates dans l’empire des Habsbourgs).
1.3. Populisme contre démocratie
Toujours en 2007, Koen Abts et Stefan Rummens renouent en quelque sorte avec le „syndrôme” populiste de Wiles. Les deux chercheurs regardent le populisme comme une menace à la démocratie, „l’occupation du lieu vide de la démocratie. Ceci met en exergue la discontinuité antagoniste entre la logique du populisme et la logique de la démocratie”[14]. Abts et Rummens amendent le modèle démocratique à deux piliers (pilier libéral ou constitutionnel: libertés individuelles, État de droit; pilier démocratique: participation et souveraineté populaire), dont une des faiblesses serait justement de laisser assimiler le populisme au second pilier, celui de la légitimité populaire. Ce faisant, le modèle démocratique à deux piliers ne parviendrait point à fournir „les outils conceptuels pour analyser comment et quand le populisme deviendrait dangereux”[15]. À sa place, ils proposent un modèle des trois logiques:
- Logique de la démocratie constitutionnelle: le lieu du pouvoir devrai trester vide. Selon Claude Lefort[16], la source du pouvoir démocratique n’a pas à être personnifiée. Les dirigeants démocratiques ne peuvent pas s’yidentifier;
- Logique du libéralisme: le lieu du pouvoir est remplacé par un État de droit anonyme. S’appuyant sur la théorie de Lefort, Abts et Rummens privilégient la démocratie constitutionnelle, celles des institutions et des contre-pouvoirs, au titre qu’elle permetà la communauté politique de rester ouverte (pas de personnification du pouvoir) et ainsi réaliser la liberté de ses citoyens. „ Ce sont seulement l’interdépendance réciproque des libertés individuelles et la construction démocratique d’interprétations temporaires de la volonté du peuple qui permettent la réalisation de la diversité-en-unité qui définit les démocraties constitutionnelles”[17], écrivent-ils. Les institutions seraient pérennes, a lorsque la volonté du peuple devrait être doublement filtrée: elle est temporaire (donc volatile) et médiée par la construction d’interprétations, qui plus est „démocratique”.
- Logique du populisme: le lieu vide du pouvoir est occupé par l’image du peuple comme corps homogène (en partant de la théorie de la démocratie de Carl Schmitt). Elle prendappui sur une „structure verticale d’antagonismes”: nous, le peuple contre l’élite, mais également contre ceux d’en bas de l’échelle sociale (délinquants, étrangers, bénéficiaires des prestations sociales). La véhiculation de l’image du peuple uni viserait la suppression de la diversité sociale et l’occupation du lieu du pouvoir, par l’imposition d’une volonté souveraine émanant d’une vision définitive du peuple. Cette logique populiste bannirait médiation et représentation (le consensus est présupposé, plus besoin donc d’ytendre à travers des procédures et consultations compliquées, à l’écart du peuple), pourtirer sa force des sondages.
Ceté difice théori que sous-tend la conclusionque „populisme et démocratie son tincompatibles et […] le populisme, par sa nature, devrait être regardée comme une dangereus emenace pour la démocratie”[18]. Abts et Rummens proposent même un baromètre du populisme, dont la pression serait nuisible uniquement à partir du seuil où il dominerait et tendrait à supplanter les autres éléments du système démocratique. Avant, à moind redose, le populisme saurait avoir même des vertus démocratiques, contribuer à l’inclusion de nouveaux groupes sociaux dans le processus démocratique et ainsi prévenir la fermeture du système. Acerbes critiques du populisme qu’ils fussent, les deux chercheurs en proposent une définition surprenante: „idéologie au noyau précaire qui appelle à la souveraineté du peuple comme corps homogène”. Surprenante, cette définition ne l’estguère par son originalité, car le complexe cheminement théori que qu’ils empruntent aboutit en fin de compte à des conclusions qui valent celles de Wiles, quarante années auparavant. Assez incongru dans le contexte est le fait de concéder au populisme un statut d’idéologie, beaucoup plus élevéque celui de style (Taguieff, Hermet) ou syndrôme (Wiles). La clef de cette générosité tient probablement à ce que le syntagme „idéologie au noyau précaire (thin-centeredideology)” soit repris à Canovan[19], qui à son tour l’avait emprunté à Michael Freeden[20].
Nous estimons que cette vision du populisme, sans être inexacte, ne rend pas compte intégralement de l’ampleur du phénomène. Elle représente plus une tentative de chercher une explication à la crise de légitimité de la démocratie représentative en Europe et de légitimer un cordon sanitaire autour des mouvements populistes „au noyau précaire” qui postulent „la souveraineté du peuple”, catégorie assez vaste pour pouvoir y loger bien des partis européens de tous bords. La conclusion finale de l’étude est abrupte, car y font irruption les partis, dont il était à peine question auparavant: les partis populistes qui se prévalent de la logique populiste ne sont pas des adversaires politiques légitimes, mais des ennemis politiques, et à ce titre ils ne devraient pas être acceptés au pouvoir. Toutefois, les mécanismes de régulation du jeu politique de la démocratie constitutionnelle, tenus en si haute estime par Abts et Rummens au détriment de la légitimité populaire, sauraient difficilement y parvenir. Il reste donc incertain qui devrait faire barrage aux dits partis. Probablement les autres partis, mais ce scénario tient plus de la stratégie électorale que de l’analyse menée avec les outils de la science politique. Même du point de vue pratique, nous constatons que, si nous avons raison de lire en filigrane la suggestion du „cordon sanitaire” dans la conclusiond’Abts et Rummens, cette politique appliquée en France depuis une trentaine d’années à l’encontre du Front National a été loin d’éroder son socle électoral.
Cas Mudde, auteur de remarquables études du phénomène populiste ces dernières années, a tenté à son tour de fournir une définition fonctionnelle du „populisme radical de droite”[21], notion qui recouperait partiellement celle de national-populisme. Mudde tente une définition minimale (le plus petit dénominateur commun: le straits que tous les partis membres de la famille partagent) et une définition maximale (le plus grand dénominateur commun: ressemblances entre une sélection de partis membres de la familleis sus de contextes aussi similaires que possible[22]). La composante idéologique que tous les partis populistes radicaux de droite auraient en commun est identifiée comme le nativisme, concept utilisé surtout dans la littérature américaine et décrit comme „une idéologie qui soutient que les États devraient être habités exclusivement par les membres du groupe natif («la nation») et queles éléments non natifs (personnes et idées) constituent une menace sérieuse pour l’État-nation homogène”[23]. Le concept essentiel pour définir la famille est donc la nation[24]. Le nativisme serait apte à rendre compte du populisme radical de droite en Europe de l’Est, où l’immigration est loin d’occuper le haut de l’agenda[25]. La définition maximale isole trois traits idéologiques: nativisme, autoritarisme et populisme[26].
La recherche vise à identifier les traits pertinents du populisme radical de droite, et non du populisme. Mudde divise même la famille populiste en trois groupes:
- Populistes de droite (le national-populisme prime, mais des éléments néolibéraux peuvent coexister);
- Néolibéraux (l’élément essentiel reste le populisme, mais le nativisme est absent; le néolibéralisme économique est fondamental);
- Sociaux (le socialisme et le populisme sont le straits idéologiques déterminants; ils sont égalitaristes, donc de gauche, et n’ont pas de noyau idéologique nativiste)[27].
Afin de définir le cadre conceptuel du populisme radical de droite, Mudde construit (suivant Sartori) une échelle d’abstraction des idéologies nativistes. Le but est d’identifier le meilleur terme en montant l’échelle[28]:
Idéologie | Trait complémentaire primordial |
Extrême droite | Anti-démocratie |
Droite radicale | Autoritarisme |
Nativisme | Xénophobie |
Nationalisme |
Il s’avère toutefois qu’il est impossible d’y caser le populisme: „Si le populisme devait être introduit à un niveau inférieur de l’échelle, par exemple entre nativisme et droite radicale, cela impliquerait que la droite radicale (et tous les types au-dessus d’elle) ne saurait être élitiste, car c’est justement l’antithèse du populisme”[29]. Comme cette assertion est irréconciliable avec les conclusions consensuelles de la littérature spécialisée, Mudde renonce à définir le populisme, pour se concentrer sur la droite radicale, et plus spécifiquement sur son sous-type populiste.
- Une définition du populisme
Pour notre part, et en guise de point d’orgue de ce travail de délimitation théorique du populisme, nous tenterons une définition du populisme qui intègre des éléments de Jaguaribe, Hermet, Albertazzi et McDonnel, en reprenant à Laclau l’acception du discours (ce qui a le mérite de résoudre la question de sa nature: idéologie ou mouvement?), mais en l’approchant de ce que Taguieff et Hermet appellent un style politique. Elle serait la suivante: le populisme est le discours qui mobilise le peuple contre un ensemble d’élites dominantes qui priveraient (ou tenteraient de priver) le peuple souverain de ses droits, valeurs, prospérité, identité et voix et qui prétend posséder une solution instantanée aux problèmes de la société à l’intérieur de laquelle il se manifeste.
- Sources et glossaire des termes de la définition
Cette définition représente en fait la synthèse de notre interrogation des lectures successives du populisme et elle est redevable à beaucoup de chercheurs, en dehors de ceux mentionnés ci-dessus. À Canovan, d’abord, car son idée que l’appel au peuple est le trait commun de tous les populismes et que le cœur du populisme politique est la tension entre les élites au pouvoir et les masses sous-tend la première partie de cette définition. Nous avons préféré discours à style ou rhétorique pour deux raisons. D’abord, ce terme nous évite un écueil, celui de trancher entre idéologie et mouvement, qu’il incorpore tous les deux dans sa sphère sémantique élargie. Résumer le populisme à une rhétorique nous semblait faire l’économie de son ambition démocratique et le rapprocher de la démagogie, ce qui n’entrait pas dans nos intentions. Style nous rappelait trop la compatibilité avec tous les courants politiques, alors que notre démarche souhaite isoler l’unicité du populisme. Nous avons renoncé à l’appel au peuple car mobiliser contre était à notre avis plus approprié pour rendre compte de la dimension polémique et de la tendance du populisme de s’affirmer a contrario. Le peuple s’impose, car il est l’objet fantasmé de tout populisme. Par rapport à Albertazzi et McDonnel, nous avons décidé de ne pas lui adjoindre les adjectifs qualificatifs vertu eux (qui fait référence aux vertus de l’homme ordinaire, à son honnêteté) et homogène (qui est censé évoquer les multiples acceptions du peuple des populistes ainsi que le caractère transidéologique et transclassiste de cette posture). Le raisonnement fut le suivant: c’est l’homme d’en bas qui est vertu eux, non le peuple, qui représente plus que la somme des individus présents car il y ajoute l’héritage des générations passées et leur enseignement pour l’avenir. Vertueux n’aurait pas eu plus de pertinence qu’honnête et risquait d’introduire un particularisme dans la définition générale et restrictive du populisme comme type d’action politique ou démarche culturelle. Homogène aurait pu être préservé, mais pourquoi le préférer par exemple à indivisible? Il fut en quelque sorte victime du rasoir d’Occam, car il ne nous semblait guère indispensable ni indiscutable à cette place. Un ensemble d’élites dominantes nous a paru suffire comme identification de l’ennemi naturel du populisme, alors que les étrangers dangereux introduisaient subrepticement la connotation libérale du populisme raciste et adossé au conspirationnisme (ce qui peut être vrai pour certains avatars historiques, mais en aucun cas pour tous). En outre, dangereux est redondant par rapport à ce qui suit, donc il a été rayé sans remords. Ensemble d’élites dominantes est assez vaste pour couvrir la sphère de tous les opposants potentiels des populismes. Élites est un terme obligatoire, la plupart des politistes ayant souligné la démarche antiélitiste des populismes de tous temps. Le pluriel est une mesure de prudence, pour montrer la multiplicité des élites (administratives, politiques, culturelles, financières, ethniques) pour fendues par les tenants du populisme et éviter du même coup le piège de postuler une unicité de l’élite (comme du peuple d’ailleurs, nous l’avons déjà affirmé). Ensemble participe du même effort d’ouverture maximale pour mieux faire ressortir le caractère antisystème du populisme. Dominantes a le mérite de préciser le ressentiment populaire à toute forme de pouvoir et en conjonction avec élites recouvre aussi les institutions médiatrices qui limitent la souveraineté du peuple. Élites au pouvoir aurait nécessité l’explication du pouvoir et de ses formes théoriques, alors que les élites contestées par le populisme ne sont pas uniquement contestées en raison de leur puissance de n’importe que l’ordre, mais aussi de leur sophistication, qui les éloigne du modèle de l’homme ordinaire. Qui priveraient (ou tenteraient de priver) est une adaptation de la formule d’Albertazzi et McDonnel à notre perception et à l’esprit de la langue française. En français, le conditionnel est de rigueur pour toute assertion rapportée tout en exprimant une réserve quant à sa véracité[30]. Ici, la dangerosité des élites trouve une expression suffisante et l’élimination précédente du syntagme étrangers dangereux en est à nouveau justifiée. Priver a pour étymologie le latin privare et signifie „empêcher (quelqu’un) de jouir d’un bien, d’un avantage présent ou futur; lui ôter ce qu’il a, lui refuser ce qu’il espère”[31]. Ses synonymes sont, selon la même source, „déposséder, frustrer, sevrer, spolier”. Tenteraient témoigne de la même prudence analytique qui sied à une définition et élargit en même temps le spectre du populisme à „ce qui peut être perçu comme une tentative de spoliation”. Les populistes peuvent parfois se prémunir contre une menace possible, ils se plaisent à avancer des scénarios (Corneliu Vadim Tudor, président du Parti de la Grande Roumanie, excellait même dans cet art) pour asseoir leur rôle de gardiens du temple. Ce conditionnel du verbe tenter comprend aussi le processus d’intention fait par les populistes aux élites hostiles et nous saurions y déceler même une indication de leur sensibilité au conspirationnisme. C’est aussi la raison pour laquelle nous ne souhaitions point accentuer précédemment cette dimension. Notre souhait est de ne pas lui accorder plus qu’un poids marginal dans l’économie de la définition, afin de ne pas induire une image négative du phénomène par la définition.
Le peuple souverain est un élément central de la définition. Empruntée à Rousseau, plus précisément à son livre Du contrat social (1762), la formule est détaillée dans le chapitre VII: Du Souverain[32]. Rousseau appelle aussi le peuple souverain, par personnification, Souverain tout court. L’association est double et réciproque: chaque individu est citoyen car il participe à l’autorité souveraine et sujet car il est soumis aux lois. Le souverain ne saurait par son unité se limiter lui-même avec des lois, il n’est tenu que par ce qu’exige le contrat social (la souverain eté populaire étant le principe fondateur du contrat social). Le souverain n’a pas besoin de garant par rapport à ses sujets: il ne peut avoir d’intérêt contraire aux particuliers qui le composent. En revanche chaque individu peut avoir une volonté particulière distincte de celle du souverain (en acceptant les droits qui sont les siens en tant que citoyen mais en refusant ceux de sujet), c’est cette injustice possible qui donne au souverain le droit de contrainte. On peut forcer celui qui ne respecte pas les règles „à être libre” donc à les respecter car „l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté”. C’est bien cette contrainte qui rend le pacte social possible, et garantit son bon fonctionnement et sa justice, faute de quoi l’engagement serait absurde.
Nous avons indiqué à maintes reprises jusqu’ici l’importance de la souveraineté du peuple dans l’économie du populisme. Tout son côté d’absolutisme démocratique, sa poussée pour le rejet des médiations et le retour à la démocratie directe en descendent en ligne droite. Il ne serait finalement que la restauration de l’autorité du „souverain mal servi” (Hermet).
Les droits incluent les aspirations légitimes que les populistes expriment: participation accrue des masses au processus de prise de décisions politique ou économique, justice sociale, protection sociale (mais aussi révolte contre ses excès: moyens contre petits), ou inversement la protestation contre le surplus d’État (antifiscalisme, défense du libéralisme et de la libre initiative). Ils couvrent la sphère sociétale.
Nous avons déjà noté que les valeurs du populisme sont conservatrices et que la stabilité, la défense des acquis y jouent un rôle de premier ordre. La petite propriété, la libre entreprise, le capitalisme populaire ou coopératiste, le rejet du progrès, l’éloge des vertus et de l’honnêteté de l’homme ordinaire, la méfiance envers les intellectuels et les politiciens (les élites en général) font partie de cet inventaire.
En parlant de la prospérité dont les élites spolient le peuple, les populistes revendiquent une légitimité démocratique de la participation des gens ordinaires à l’allocation des ressources. Par gaspillage intentionnel afin de se créer une clientèle ou par la corruption afin de favoriser les gros du monde des affaires, la bureaucratie dilapide le patrimoine du peuple et empêche une redistribution des richesses en fonction du travail. Les taxes et impôts sont déséquilibrés et leur poids le plus lourd pèse sur les épaules des gens moyens. Ce discours n’est pas l’apanage du populisme, mais ces éléments y sont toujours présents.
L’identité est le versant national-culturel du populisme. Pour s’identifier au peuple, les populistes l’abstraient à une communauté nationale idéale sublimée (dont les ancêtres et les héritiers sont membres), qui gomme les différences et exalte les points communs. Cependant, les démocraties représentatives occidentales sont toutes des États-nations qui ont forgé des identités par le même processus. Sur ce point aussi, démocratie et populisme sont consubstantiels.
Priver le peuple de sa voix est, selon les populistes, une visée constante des élites, afin de monopoliser la parole. C’est pourquoi le populisme a été parfois résumé à la fonction tribunitienne, de porte-parole des plus humbles. Dans la Rome antique, des tribuns de la plèbe étaient élus, au nombre de deux à partir de 493 av. J.-C. puis quatre et dix, pour défendre les intérêts des citoyens les plus pauvres qui se sentaient exclus du corps politique de la nation. Ils étaient des magistrats, intouchables pendant leur mandat et pouvaient rendre justice, y compris la peine capitale. Hermet y voit „un populisme communiste”[33] et argumente que le populisme en général ne doit pas y être confiné, car il s’agit d’une rente de situation des Partis Communistes français et italien pendant la guerre froide[34]. Ne pouvant accéder au pouvoir malgré leurs scores électoraux élevés (entre 25% et 30%), mais en récompense de leur participation à la résistance anti-allemande, ils se sont vu concéder le droit de représenter une population importante qui aurait autrement été exclue du jeu démocratique (ce qui aurait compromis la stabilité du système) et des ressources à gérer dans un système à part (« univers protégé »). Mais cette anomalie historique presque soldée, les populistes ne peuvent en tirer aucun avantage car, note Hermet: „Pour accéder à la fonction, il faut être capable de se la voir concéder”[35]. Or rien n’oblige les gouvernements d’aujourd’hui de faire bénéficier les populistes des mêmes largesses que les communistes français et italiens, qui avaient en outre un bailleur de fonds important en l’URSS.
La dernière condition: qui prétend posséder une solution instantanée aux problèmes de la société à l’intérieur de laquelle il se manifeste est une reprise de la condition de Guy Hermet reformulée. Nous avons récupéré cette partie (que Hermet puise chez Jaguaribe) car elle nous semble presque suffisante pour définir le populisme. En tout cas, elle est nécessaire, car ce trait du populisme n’est partagé que par la démagogie. Mais en regardant de plus près le tableau de caractérisation du discours populiste par différence du même universitaire, nous y constatons la distinction entre les deux postures tant au niveau du rapport au peuple (le locuteur populiste incarne le peuple, le démagogue ne s’y identifie point: il en est le bienfaiteur) qu’à celui du diagnostic: le populiste dénonce la réalité qu’il décrit, le démagogue ne la dépeint ni condamne point. Le verbe prétend sanctionne ce que Hermet appelle „l’exploitation systématique du rêve”. En toute objectivité, ces solutions n’ont pas encore été mises en œuvre, même par les populistes ayant accédé durablement au pouvoir.
Instantanée donne du relief à la distanciation que les populistes prennent avec le temps habituel de l’action gouvernementale, celui des arbitrages et du déploiement progressif des ressources. Pour eux, tout est possible de suite, à condition de placer le gouvernement sur les bons rails, entre les mains du vrai peuple. Les problèmes couvrent un éventail très large et sont très contextuels, aussi ne les énumérerons-nous pas, mais ils peuvent se situer au niveau économique, social, politique ou ethnique. Société trace le cadre du populisme: celui-ci n’affecte pas l’État (qui est abstrait et technique), ni la nation. Si un gouvernement peut être populiste, un État ne peut guère l’être. La Suisse saurait être raisonnablement présentée comme une démocratie populiste qui fonctionne, il n’en reste pas moins que c’est la société suisse qui est parvenue d’en bas (communes, cantons) à cette institutionnalisation de la démocratie référendaire, et non l’État qui en a imposé d’en haut les usages et les limitations.
À l’intérieur de laquelle il se manifeste n’est pas un appendice superfétatoire de la définition. Cela rappelle que le populisme n’est pas révolutionnaire ni internationaliste, il ne vise pas l’avènement d’un ordre nouveau, même s’il peut être amené à impulser le changement social et économique, comme en Amérique du Sud, mais au nom de valeurs traditionnelles et d’une égalité qui est une des deux conceptions rivales de la démocratie: „la seconde variante est bien latino-américaine. Elle correspond au désir d’une démocratie populiste reposant sur une participation politique vécue dans l’identification affective du peuple à un leader connaissable, ou encore à un régime symbolisant cette identification, comme dans l’exemple assez particulier du Mexique”[36].
L’exemple des narodniki semble contredire cette thèse. Ils sont révolutionnaires et aspirent à une transformation radicale de la société russe. Mais cette métamorphose doit s’accomplir pour les paysans et par les paysans, afin d’aboutir à un socialisme fondé sur la communauté des terres comme dans l’organisation qui gère les intérêts de la communauté villageoise, l’obshtchina.
Cette définition comporte trois parties qui sont toutes nécessaires:
- Le populisme est le discours qui mobilise le peuple contre un ensemble d’élites dominantes;
- qui priveraient (ou tenteraient de priver) le peuple souverain de ses droits, valeurs, prospérité, identité et voix;
- qui prétend posséder une solution instantanée aux problèmes de la société à l’intérieur de laquelle il se manifeste.
La première reprend le noyau dur que tous les commentateurs s’accordent à reconnaître au populisme: a) la confiance en le peuple et b) l’antiélitisme (c’est ce que retient par exemple Canovan). Nous n’avons pu trouver une seule contestation de cette spécificité dans la littérature spécialisée. Il n’y a toutefois pas lieu de conclure que ces deux caractéristiques pourraient suffire pour construire une définition minimale, car le populisme n’a pas l’exclusivité de ces deux particularités, ni même celui de leur combinaison. Des idéologies telles que le libéralisme (dans son acception libertaire), la social-démocratie ou la démocratie chrétienne peuvent les revendiquer à leur tour[37].
La seconde partie résume la posture idéologique du populisme, sa défense du peuple et sa conception de celui-ci (et par conséquent de la démocratie). Elle incorpore aussi le reproche fait aux élites. Une précision: les cinq attributs du peuple souverain ne doivent pas nécessairement être tous invoqués par un populisme quelconque. Cette composante est nécessaire, même si on peut argumenter qu’elle ne fait que détailler ce qui précède et saurait être éliminée comme subsidiaire. Si c’était le cas, les raisons de la mobilisation du peuple seraient floues et la spécificité du populisme incertaine.
La troisième partie est une vraie condition forte d’existence du populisme. Sans elle, on en resterait au populisme style, ce caméléon si synthétiquement décrit par Taguieff: „La caractéristique formelle peut-être la plus spécifique des populismes est leur haute compatibilité avec n’importe quelle idéologie politique (de droite ou de gauche, réactionnaire ou progressiste, réformiste ou révolutionnaire), avec n’importe quel programme économique (du dirigisme étatique au néolibéralisme), avec diverses bases sociales et divers types de régimes. […] Ce qui produit l’irréductible ambiguïté des populismes, c’est qu’ils sont régis par un principe d’omnipotence syncrétique: ils peuvent entrer en composition avec n’importe quelle orientation politique. […] Il s’ensuit aussi que le message minimal de tout populisme, moins thématisé que connoté, est un rejet des médiations, jugées inutiles ou superflues, limitatives ou nuisibles”[38]. Cette conclusion de l’extrême ductilité du populisme tranche le débat dans le sens où il n’y a pas un seul populisme, mais des populismes. La définition que nous avons adaptée et adoptée ne conteste point la versatilité du populisme. Elle lui assigne un cadre de référence unique, lui restaure une unité conceptuelle qui saurait être battue en brèche, nous en convenons, mais qui a le mérite d’identifier une différence spécifique.
Enfin, cet effort de trouver une définition satisfaisante du populisme ne saurait faire l’économie d’une explication de ce que nous entendons par définition. Ce terme, attesté en français depuis le XIIème siècle, figure comme suit dans l’entrée du Robert, sous sa première acception, philosophique: „opération mentale qui consiste à déterminer le contenu d’un concept en énumérant ses caractères; résultat de cette opération sous la forme d’une proposition énonçant une équivalence entre un terme (défini) et l’ensemble des termes connus qui l’explicitent”[39].
Selon le dictionnaire du philosophe André Lalande (1867-1963), une définition est la détermination des limites de l’extension d’un concept[40]. Pour le délimiter, il est convenu de chercher le genre proche et la différence spécifique. Dans notre cas, les deux premières composantes situent le genre proche, alors que la troisième sert à particulariser le populisme. La boucle de la définition est bouclée.
Bibliographie
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WORSLEY, Peter, „The Concept of Populism”, dans IONESCU, Ghiţa; GELLNER, Ernest (eds), Populism. Its Meanings and National Characteristics, éd. cit.
[1] Pierre-André TAGUIEFF, „Populisme, nationalisme, national-populisme. Réflexions critiques sur les approches, les usages et les modèles”, dans Gil DELANNOI et Pierre-André TAGUIEFF (sous la dir.), Nationalismes en perspective, Berg International, Paris, 2001, p. 306.
[2] Voir Margaret CANOVAN, Populism, Harcourt Brace Jovanovich, New York, Londres, 1981.
[3] Peter WILES, „A Syndrome, Not a Doctrine: Some Elementary Theses on Populism”, dans Ghiţă IONESCU, Ernest GELLNER (eds), Populism. Its Meanings and National Characteristics, éd. cit., p. 166. Nous avons repris la traduction de TAGUIEFF, op. cit., p. 345.
[4] Peter WORSLEY, „The Concept of Populism”, dans Ghiţă IONESCU, Ernest GELLNER (eds), Populism. Its Meanings and National Characteristics, éd. cit., p. 219.
[5] TAGUIEFF, op. cit., p. 348.
[6] Ernesto LACLAU, On Populist Reason, Verso, Londres, New York, 2005, p. 68.
[7] Ernesto LACLAU, Politics and Ideology in Marxist Theory, Verso, Londres, 1977, pp. 172-173.
[8] Ernesto LACLAU, On Populist Reason, éd. cit., p. 73.
[9] Guy HERMET, Les populismes dans le monde: une histoire sociologique XIX-XX siècle, Fayard, Paris, 2001, p. 46.
[10] Hêlio JAGUARIBE, Problemas do desenvolvimento latino-americano, Civilização Brasileira, Rio de Janeiro, 1967, p. 168.
[11] HERMET, op. cit., p. 50.
[12] TAGUIEFF, op. cit., p. 349 où la citation est de Margaret CANOVAN, „Two Strategies for the Study of Populism”, in Political Studies, XXX (4), 1982, p. 544.
[13] Daniele ALBERTAZZI, Duncan McDONNEL, Twenty-First Century Populism: The Spectre of Western European Democracy, Palgrave Macmillan, New York, Londres, 2007, p. 3.
[14]Koen ABTS, Stefan RUMMENS, „Populism versus Democracy”, Political Studies, 2007, tome 55, p. 405.
[15] Ibidem, p. 406.
[16] Voir Claude LEFORT, L’invention démocratique, Fayard, Paris, 1981.
[17] ABTS, RUMMENS, op.cit., p. 413.
[18] Ibidem, p. 407.
[19] Margaret CANOVAN, „Taking Politics to the People: Populism as the Ideology of Democracy”, dans Yves MÉNY, Yves SUREL (eds.), Democracies and the Populist Challenge, Palgrave, New York, 2002.
[20] Michael FREEDEN, Ideologies and Political Theory: A Conceptual Approach, Clarendon, Oxford, 1996.
[21] Cas MUDDE, Populist Radical Right Parties in Europe, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2007.
[22] MUDDE, Populist Radical Right Parties in Europe, ed. cit., p. 19.
[23] Ibidem, p. 14.
[24] Ibidem, p. 16.
[25] Ibidem, p. 19.
[26] Ibidem, p. 22.
[27]Ibidem, pp. 29-30.
[28]Ibidem, p. 24.
[29]Idem.
[30] Nous donnerons un exemple aléatoire, un titre de presse: « L’armée américaine aurait tué le numéro 2 d’al-Qaida en Irak », Le Figaro, 15 octobre 2008, http://www.lefigaro.fr/international/2008/10/15/01003-20081015ARTFIG00491-l-armee-americaine-aurait-tue-le-numero-d-al-qaida-en-irak-.php. Il est repris par plusieurs médias français le même jour, sa source étant probablement une dépêche AFP. Consulté en juillet 2015.
[31] Le nouveau petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1996, p. 1782.
[32] L’ouvrage est disponible en ligne: http://classiques.uqac.ca/classiques/Rousseau_jj/contrat_social/contrat_social.html.
[33] HERMET, op. cit., p. 418-423.
[34] La thèse de la „fonction tribunitienne” moderne communiste est avancée par Georges LAVAU, A quoi sert le Parti Communiste Français?, Fayard, Paris, 1981.
[35] HERMET, op. cit., p. 422.
[36] HERMET, op. cit., p. 241.
[37] Voir Cas MUDDE, In the Name of the Peasantry, the Proletariat and the People. Populisms in Eastern Europe, communication au colloque sur le populisme de l’Institut Universitaire Européen, Florence, 14-15 janvier 2000, 30 p.
[38] TAGUIEFF, op. cit., p. 350.
[39] Le nouveau petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, texte, éd. cit., p. 565.
[40] Vocabulaire technique et critique de la philosophie, revu par MM. les membres et correspondants de la Société française de philosophie et publié, avec leurs corrections et observations par André Lalande, membre de l’Institut, professeur à la Sorbonne, secrétaire général de la Société (2 volumes, 1927), Presses universitaires de France, Paris, 2006.
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